Lorsque
le 1er février 1975, Jean-Pierre Rives connaît pour
la première fois le vertige du rugby international, aux cotés
de celui que l'on appellera par la suite son jumeau, Jean-Claude
Skrela, il n'a que pensée, suivre les conseils de son idole,
Jean Salut, focaliser toute son attention sur le numéro 8
anglais, Andy Ripley, et faire un match explosif. Il atteindra son
but et la France se découvrira un blond panache à
suivre jusqu'au bout du monde. Ce bout du monde, ce sera sans doute
ce 14 juillet 1979 à Auckland, où, capitaine de l'équipe
de France, il fait figure d'exemple et mène son groupe à
la victoire face aux terribles All Blacks. Un jour symbolique pour
un joueur, symbole d'une France courageuse, relevant tous les défis
et capable des plus grands exploits. La preuve est faite, s'il le
fallait, que Jean-Pierre Rives a la capacité de faire grandir
les hommes et de décupler la force des joueurs à ses
côtés.
A ce moment historique,
sa notoriété est immense. Mais, en fait, il y a
déjà deux ans, depuis le tournoi des cinq Nations
1977, qu'il est reconnu dans le coeur des supporters français.
Cette année là, il remporte un fabuleux grand chelem
avec ses 14 camarades : Aguirre, Harize, Bertranne, Sangalli,
Averous, Romeu, Fouroux (capitaine), Bastiat, Skrela, , Palmié,
Imbernon, Paparemborde, Paco, Choley. Une équipe mythique
qui restera dans les annales du rugby français.
Plus qu'une rencontre sportive, ce fut pour ces quinze joueurs
le début d'une profonde et sincère amitié
qui transformera leur vie. Invités par les Barbarians anglais
à participer à plusieurs matchs, Jean-Pierre et
ses complices créent leur propre équipe française,
le 11 août 1979 : le Barbarians Rugby Club (BRC).
"Les Barbarians, c'est plus un sentiments d'être qu'une
sélection. Un Barbarian se sélectionne lui même.
A part savoir jouer au rugby, le Barbarian doit être bon
camarade et ne penser qu'à attaquer!". Jean-Pierre
Rives est aussi et avant tout un Barbarian, membre d'une institution
à laquelle il est très attaché, son lien
le plus sûr, aujourd'hui, avec le monde du rugby.
Le 13 décembre
1984, il décide de se retirer du rugby de haut niveau pour
se consacrer à sa deuxième passion : la sculpture,
ce qui convient assez bien à un ferrailleur dans l'âme.
Plus casqué que jamais, jouant encore avec le feu, il aime
partager avec son maître et ami, Albert Féraud, ce
goût commun pour relever et ramener à la vie ce qui
paraît perdu, tout comme il l'a si souvent fait tout au
long de sa carrière sportive.
Alors, dans son atelier
de Châtillon ou passant par sa demeure de Mendocino d'où
l'on aperçoit les baleines lorsque l'on prend son petit
déjeuner, Jean-Pierre reste toujours le même homme,
avec sa bravoure et son air de rien, son oubli de tout et son
délicat souci des autres.
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